2022

TERRE CEINTE

Un projet culturel et artistique au service de la lutte contre l’extrémisme violent

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Les ateliers de création artistique développés dans le cadre du projet sont le lieu du « prendre soin » de l’autre. L’un des rôles des artistes étant de prendre soin de la mémoire des peuples blessés et traumatisés. Via la pratique artistique les artistes intervenants guideront les bénéficiaires des ateliers dans leur processus de guérison en leur donnant des outils sur lesquels s’appuyer.

Les ateliers seront le lieu de la réappropriation du « je » pour permettre aux bénéficiaires de reprendre le pouvoir sur la manière de se définir. Le large spectre des arts proposés en ateliers offrira autant de mediums et de possibilités pour investir cette autodéfinition.

 

Les ateliers s’inscriront dans la poursuite du travail amorcé lors des phases pilotes. Les groupes de bénéficiaires seront les mêmes, ainsi que les intervenant, pour favoriser cette continuité et sauvegarder tout le travail de construction d’une relation de confiance qui a été effectué lors des étapes pilotes. Ces 4 semaines d’ateliers supplémentaires permettront d’approfondir les acquis dans chaque discipline, de proposer un nouvel atelier (écriture), de réinscrire des activités
poétiques dans le quotidiens des bénéficiaires.

 

Six ateliers sont prévus : théâtre, danse, musique et chant, peinture, photographie et écriture. Ces ateliers n’ont pas de vocation pédagogique ils permettent l’expérimentation de nouveaux médiums d’expression – le corps, la voix, la vue – augmentés dans certains ateliers par des outils (pinceau, appareil photo, stylo). Un spectacle de restitution clôturera chaque étape d’ateliers.

 

Atelier de théâtre – dirigé par Aristide Tarnagda et Vincent Kaboré (à Kaya et Tenkodogo)
L’atelier théâtre se construit autour d’un corpus de textes dont des extraits du roman Terre Ceinte de Mohamed Mbougar Sarr. Les extraits choisis mettent en scène des mécanismes de radicalisation et leurs impacts sur les relations familiales notamment. Les intervenants feront travailler les bénéficiaires sur la voix, le corps, l’interprétation. C’est une invitation à prendre la parole, à mettre des mots sur l’indicible, sur une situation chaotique. Des mots qui permettent
d’organiser ce chaos en une expérience dicible et compréhensible. Le travail en groupe, au sein de l’atelier, exigera dialogue et écoute entre les participants.

 

Atelier de danse – dirigé par Aguibou Bougobali Sanou (à Kaya et Tenkodogo)
Aguibou Bougobali Sanou a longtemps travaillé avec des personnes détenues et développe une approche de la danse comme médium de réappropriation de son corps, comme outil de dialogue et d’expression.

 

Atelier de peinture – dirigé par Blaise Patrix (à Tenkodogo uniquement)
Blaise Patrix proposera un atelier d’application de l’Art Socia(b)le, un concept dont il est l’initiateur : « L’art, qui permet d’exprimer ce qui ne s’explique pas, permet de déconstruire les aprioris, d’ouvrir les esprits, d’exalter le sens commun par-delà les différences et parfois même par-delà les conflits. » Blaise Patrix a une large expérience de travail avec des populations déplacées et réfugiées, dans des parties du monde où conflits religieux et crispations identitaires mettent à mal l’entente entre les peuples. Il est notamment intervenu en Palestine, ou en Allemagne auprès de réfugiés Afghans et Syriens. Son atelier se déploie autour de la co-réalisation de peintures en cercle, les bénéficiaires sont invités à s’exprimer librement par la peinture autour d’un support circulaire. Cette méthode fait naître spontanément des œuvres étonnantes, sorte de « soleils » tout rayonnant, de l’émulation collective qui les a créés.

 

Atelier de photographie – dirigé par Fasky (à Kaya et Tenkodogo)
Fasky travaillera en priorité avec les enfants autour de la capture d’images de leur quotidien (leur lieu de vie, leur famille, leur définition de la beauté à travers les objets qui les entourent) pour se présenter soi-même au monde via une collection de photographies.

 

Atelier de musique et chant – dirigé par Zabda et Sydyr (à Kaya uniquement)
Les intervenants proposent de travailler sur la technique vocale et les percussions. L’atelier se tournera aussi sur l’interprétation de chants traditionnel, portés par différentes ethnies et sur la composition originale de chants par les bénéficiaires.

 

Atelier d’écriture – intervenant en cours de sélection (à Kaya et Tenkodogo)
L’atelier sera le lieu de l’écriture d’un journal de bord des ateliers et permettra également à chacun de se présenter via l’écriture.

Pour ouvrir largement le projet aux populations de Tenkodogo et de Kaya et sensibiliser aux mécanismes de radicalisation, le choix de la diffusion d’une pièce de théâtre suivie d’un temps d’échange avec le public a été fait. Il s’agit, via un spectacle, de mettre des mots sur une situation chaotique. Des mots qui permettent d’organiser ce chaos et de le traduire en une expérience dicible et compréhensible. La pièce permettra la distanciation, interpellera les expériences de chacun, et rassemblera les conditions nécessaires à la libération de la parole et à la catharsis.


La pièce choisie est Terre Ceinte, une adaptation du roman éponyme mise en scène par Aristide Tarnagda. A travers cette pièce, nous souhaitons éveiller les consciences à différents sujets malheureusement familiers dans la région du Sahel : le radicalisme religieux, la peur, l’impuissance des familles face à la radicalisation de la jeunesse les exécutions sommaires au nom de Dieu, la dénonciation. Mais le texte convoque aussi les vertus de la résistance, du courage, de l’amour et de l’espoir : des forces vives pour appréhender les capacités de résilience des êtres humains.


A Kaya, une autre pièce est pressentie, dont le choix est en cours, Terre Ceinte y ayant déjà été présenté en décembre 2021.

 

La pièce de théâtre sera programmée pour deux dates dans chaque ville, pendant les périodes de mise en œuvre des ateliers de création artistique.

A l’issue des ateliers de création artistique à Tenkodogo et à Kaya, 5 jeunes de chaque ville participeront à la résidence de création d’un spectacle collectif avec 10 jeunes du quartier de Bougsemtenga à Ouagadougou (quartier d’implantation des Récréâtrales). Les 20 jeunes seront accompagnés par une équipe de création professionnelle (1 metteur en scène, 1 assistant à la mise en scène, 1 scénographe, 1 musicien, 1 éclairagiste, et 1 costumier et 6 comédiens).


Une résidence de création de 1 mois est prévue à Tenkodogo suivie de 2 représentations. Le spectacle sera ensuite diffusé à Ouagadougou et à Kaya pour 2 dates dans chaque ville.


Le projet de création se porte sur Roméo et Juliette de Shakespeare. Le choix de ce classique est motivé par les problématiques universelles qu’il soulève et leur écho dans le contexte actuel du Burkina Faso et la montée des tensions inter-ethniques : un conflit fratricide, frein à une compréhension mutuelle et à l’amorce d’un processus de paix auquel s’opposent une curiosité et un amour de l’autre qui peut finalement rassembler au-delà des différences identitaires et culturelles.

A travers cet axe du projet, la volonté est double. Tout d’abord il s’agit de créer du lien entre professionnels du théâtre du Burkina en particulier et du continent en général et d’offrir une opportunité d’inclusion à des professionnels de provinces où la pratique artistique devient de plus en plus compliquée et qui peuvent de fait se sentir « à l’écart » du foisonnement de la création contemporaine dans leur propre pays. Cette rencontre entre artistes de divers horizons rend possible l’incubation de projets communs. Deuxièmement, il s’agit d’offrir le terreau nécessaire à l’émergence de nouvelles idées pour investir artistiquement les provinces dont ces professionnels sont originaires. Le projet TERRE CEINTE doit laisser derrière lui la possibilité aux acteurs culturels des régions visitées de construire des projets autonomes et pérennes. Cet axe permet donc l’ancrage du projet dans les zones d’intervention car, via l’autonomisation des professionnels du théâtre bénéficiaires, il garantit une durabilité au projet sur ces zones.


Au cours des étapes pilotes du projet à Tenkodogo et Kaya en 2021, 2 jeunes de Tenkodogo et 2 jeunes de Kaya ont été identifiés pour prendre part à deux sessions de formation de 1 mois chacune à Ouagadougou profitant ainsi des programmes du Labo ELAN et du Compagnonnage artistique portés par les Récréâtrales sur l’année 2022. Ces 4 artistes feront également partie des jeunes prenant part au spectacle collectif (Activité 3).

Il apparaît d’une grande importance de documenter ce projet, pour faire trace et pour multiplier les impacts de la proposition. La production de plusieurs objets papiers ou numériques est visée :

 

  • – L’édition d’un livret sur le projet regroupant photographies et des matériaux issus des ateliers (dessins et textes des participants aux ateliers) ;
  • – La réalisation d’un documentaire ;
  • – Captation sonore de lectures de textes issus des ateliers
  • – Captation vidéo des spectacles diffusés dans le cadre du projet
  • – Création d’un site internet, d’une page Facebook et Instagram dédiés au projet

 

Ces objets seront des outils de sensibilisation précieux pour s’adresser à un public plus large grâce à leur diffusion via différents canaux (radio, télévisions, festivals, établissements scolaires etc.). Ils seront des témoins pour transmettre une mémoire de l’erreur et de l’horreur collectée auprès de ceux qui les vivent, et deviennent des outils indispensables pour éviter la répétition des mêmes erreurs et horreurs auprès des générations futures. Un photographe-vidéaste sera chargé de la couverture de toutes les étapes du projet.